Histoire du VIIe Arrondissement

Le Faubourg Saint-Germain

Joséphine du Brusle de Rouvroy

Situé sur la rive gauche de la Seine, le VIIème arrondissement, l’un des plus prestigieux quartiers de Paris par le nombre de ses monuments historiques classés et la qualité architecturale de ses hôtels particuliers, occupe l’immense domaine que possédait l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés fondée dès le VIème siècle.

Une vaste plaine plantée de vignes, de cultures maraîchères, de prairies et marécageuse en bordure de Seine, s’étendait de l’Abbaye au village de Grenelle, uniquement accessible par « un chemin aux vaches », la future rue de Grenelle qui deviendra l’artère principale du quartier du faubourg Saint-Germain.

Celui-ci délimité à l’est par la rue des Saints-Pères, à l’ouest par la rue de Sèvres et le sud par le boulevard des Invalides connaîtra son premier essor urbain vers le milieu du XVIIème siècle grâce à l’assainissement des bords de Seine, l’influence de la Contre-Réforme qui encourage la construction de nombreux couvents et fondations religieuses et l’apparition des premières constructions particulières sur quatre nouvelles rues (Lille, Université, Saint-Dominique et Varenne) parallèles à la rue de Grenelle.

Visite de Louis XIV à l’Hôtel royal des Invalides, le 26 août 1706, peinture de Pierre-Denis Martin. Collection Musée Carnavalet

En 1670, le roi Louis XIV va acquérir de nombreuses terres en pleine campagne jouxtant ce nouveau quartier, pour fonder Les Invalides, un grand hôpital royal destiné au bien-être de ses soldats blessés, mutilés ou estropiés pour le restant de leurs jours.

L’architecte Libéral Bruant mène rapidement les travaux de ce superbe ensemble qui sera ensuite terminé par Jules Hardouin- Mansart avec l’édification de l’église du Roi, le somptueux Dôme des Invalides.

 

Il faut attendre le XVIIIème siècle pour que la grande noblesse, lassée du surpeuplement du quartier du Marais, de la lourdeur de l’étiquette et de l’apparat à la cour de Versailles, investisse le faubourg Saint-Germain en faisant édifier par des architectes de renom des hôtels particuliers situés entre cour et jardin. De 1700 à la Révolution on voit apparaître une grande sobriété et unité de styles dans les alignements extérieurs qui vont de pair avec la grande richesse et le confort raffiné des intérieurs. Tous ces ensembles sont créés pour se retrouver entre soi, pratiquer un nouvel art de vivre, cultiver l’art de la conversation ou tenir des salons comme Madame du Deffand ou Julie de Lespinasse.

Projet de façades pour l'Ecole Militaire, Ange-Jacques Gabriel, Collection Musée Carnavalet

L’essor urbain du faubourg Saint-Germain continue néanmoins à prospérer au-delà de l’hôtel des Invalides, quand en 1751 Louis XV approuve la création, près du village de Grenelle, d’une Ecole royale militaire consacrée à l’instruction des gentilshommes pauvres se destinant au métier des armes. La construction en est confiée à l’architecte Gabriel et un grand champ de manœuvres, le futur Champ-de-Mars, va être spécialement aménagé jusqu’à la Seine.

Toute cette effervescence de construction marque un brusque coup d’arrêt avec l’arrivée de la Révolution. Beaucoup de propriétaires sont contraints d’abandonner leurs demeures qui seront confisquées ou vendues. Pendant les deux siècles suivants, malgré la Restauration, les ministères publics et les ambassades diplomatiques vont inexorablement s’installer dans ces hôtels et vont entraîner la perte de leurs traditions initiales.

Reste le Champ-de-Mars, témoin privilégié des heures glorieuses et tragiques de notre Histoire. De nombreuses manifestations révolutionnaires, politiques, militaires vont s’y dérouler jusqu’à nos jours avec un accent tout particulier sur l’aspect économique des cinq grandes Expositions Universelles de 1878, 1889 qui voit la construction controversée de la Tour Eiffel (monument restant néanmoins le plus visité de Paris), 1900, 1925 et enfin 1937.